Ressources en eau profonde du désert du Sahara et de ses confins arides et semi-arides
95 % de l’eau douce utilisée par les hommes au niveau mondial, essentiellement d’origine souterraine, proviennent de la ressource en eau renouvelable (part des précipitations qui n’est ni consommée par les plantes puis évapotranspirée, ni évaporée). Les 5 % restants proviennent du stock d’eau souterraine emmagasinée lors des périodes de recharge excédentaire. À l’échelle mondiale, ce stock décroît continuellement du fait d’une surexploitation liée à un déséquilibre entre la vidange, naturelle ou provoquée (notamment pour l’irrigation agricole), et la recharge ou tout simplement du fait de la quasi-absence de recharge. C’est le cas des grands aquifères de la région saharo-sahélienne, souvent seule ressource régionale d’importance disponible.
Ces réserves d’eau souterraines non renouvelées, souvent qualifiées de « fossiles », sont en grande partie héritées des périodes humides du Quaternaire. L’âge et les conditions de leur recharge ont pu être étudiés à l’aide de l’hydrologie isotopique (marqueurs de conditions climatiques et datations) associée à de nombreuses traces d’un vaste système hydrologique (réseaux hydrographiques fossiles, sédiments lacustres) et de vie humaine, animale et végétale.
Dans la partie saharienne, la raréfaction des précipitations au cours des derniers millénaires et la vidange naturelle de ces grands aquifères ont conduit progressivement le désert à reprendre ses droits. À l’heure actuelle, seuls subsistent quelques oasis alimentées par l’émergence des eaux souterraines sous pression. Ces milieux fragiles sont menacés par la surexploitation des ressources en eau souterraines. De nombreuses études, associant souvent plusieurs pays, ont ainsi été entamées depuis les années 1970 pour mieux comprendre le fonctionnement de ces aquifères et tenter de les gérer durablement.
Ce dossier replace, tout d’abord, les eaux profondes de la zone saharo-sahélienne dans le contexte de la disponibilité en eau douce sur la planète et souligne l’importance de leur préservation pour lutter contre la désertification. Il s’intéresse ensuite aux caractéristiques générales de ces grands systèmes aquifères, souligne leurs spécificités géologiques et paléo-hydrogéologiques et décrit les méthodes d’étude, en s’appuyant sur trois exemples de grands systèmes aquifères profonds : le bassin du Tchad, le système aquifère des grès nubiens (NSAS) et le système aquifère du Sahara septentrional (SASS). Enfin, la question de la gestion rationnelle de ces grands systèmes et son aspect transfrontalier sont abordés en décrivant les actions entreprises sur le NSAS et le SASS
Dossier complet à retrouver sur : http://www.csf-desertification.org/dossier/item/ressources-en-eau-du-desert-du-sahara-et-ses-confins-arides-semi-arides. Rédigé par Yves Travi, hydrogéologue, hydrochimiste et isotopiste, à Avignon Université et membre du Comité Scientifique Français de la Désertification (CSFD).
Contributeurs : Marc BIED-CHARRETON, Philippe Billet, Gilles boulet, Escadafal Richard, Isabelle Amsallem