Europe : la récupération d’eau de pluie
Comme en Allemagne, un grand nombre de gares, aéroports, bâtiments sportifs et scolaires peuvent utiliser les eaux pluie pour les toilettes, la lutte contre les incendies, l’entretien, l’arrosage et les lave-linge. Les dernières techniques permettent même d’atteindre la norme européenne « eau de baignade ». Ailleurs comme en Angleterre, de vastes projets comme celui de Castle Vale à Birmingham permettent d’assurer les besoins d’hygiène, des machines à laver et d’arrosage des jardins grâce au stockage de l’eau de pluie dans de vastes réservoirs de 45000 litres.
Certaines communes pionnières encouragent la récupération des eaux pluviales par souci d’économie de la ressource, et de délestage des réseaux d’eaux pluviales en cas de fortes précipitations. Ainsi, la ville de Lorient a subventionné l’achat de citernes de 500 litres. En 1999, plus de 1000 habitants avaient déjà profité de cette aide.
Les nouveaux lotissements
La loi sur l’eau oblige, pour les nouveaux lotissements, à prévoir la
rétention de l’eau de pluie sur chaque parcelle ou le surdimensionnement du réseau de collecte et de la station d’épuration. La première solution est préférée puisqu’elle nécessite un investissement beaucoup moins important. Cette économie se révèle intéressante également au niveau des logements collectifs.
Au Petit-Quevilly, près de Rouen, une société de HLM a construit une résidence où les toilettes sont alimentées par l’eau tombant sur les toits, stockée en sous-sol.
Selon une étude menée en 1994 par le Comité scientifique et technique des industries climatiques, « compte tenu du prix actuel de l’eau, la récupération de l’eau de pluie est d’ores et déjà rentable pour des bâtiments qui ont besoin de 500 m3/jour d’eau non potable, ce qui équivaut à 20 000 m² de bureaux, 500 logements de 4 personnes ou un hôtel 3 étoiles de 500 chambres, situé en station balnéaire ».
La ville de Saint Denis utilise les eaux de pluies pour le nettoyage des alentours du marché. 3 fois par semaine, les balayeuses font le ménagent des rues et de la place en utilisant l’eau de pluie qu’elle récupère sur le toit de la halle et stockée sous le sol, dans des citernes en béton. Grâce à ce procédé écologique, très répandu en Allemagne mais tout juste balbutiant en France, la ville évite d’utiliser de l’eau potable alors qu’elle n’ets pas nécessaire pour ce type de tâche.
« C’est une première en Seine-Saint-Denis. L’une des exigences dans la rénovation du marché était de permettre des économies d’énergie et d’argent » explique la Mairie qui espère que son expérience servira de modèle. La région Ile-de-France, qui soutient les initiatives de défense de l’environnement, a accorder une subvention de 15 000 € à l’opération, sur un coût total de 60 000 €.
D’autres exemples ont vu le jour ces dernières années : la mairie des Mureaux qui a réaménagé l’ancienne Mairie en une unité plus fonctionnelle, économe et respectueuse de l’environnement. L’eau de pluie alimente les toilettes avec un gain de 2000 € par an, par rapport à une construction classique. Une citerne de 30 m3 recueille l’eau tombée du ciel au sous sol de l’établissement. En cas de sécheresse le réseau « eau potable » prend automatiquement le relais.
A Courbevoie, un promoteur immobilier a construit en 2005 un immeuble de 100 appartements tenant compte de critères environnementaux et prévoyant notamment la récupération et le stockage des eaux pluviales pour permettre d’alimenter le réseau d’eau non potable (pour l’arrosage des pelouse, le nettoyage des parties communes …).
L’industrie représente le plus gros consommateur d’eau en France. L’utilisation industrielle de l’eau de pluie permet de réaliser de très grandes économies. Il semble donc particulièrement intéressant qu’elle utilise de l’eau de pluie pour réduire ainsi la production d’eau potable. Il y a d’ores et déjà quelques usines qui utilisent ces eaux venues du ciel pour réaliser leurs process.
Autre exemple, l’usine de production Renault de Maubeuge consomme 2,5 m3 d’eau par véhicule produit. Grâce au cumul des précipitations dans la région de Maubeuge et à la superficie de l’usine, c’est environ 200 000 m3 d’eau de luie qui peuvent être récupérés par an. Cela représente 35 % de la consommation annuelle.
En 2002, l’installation du système de recyclage des eaux pluviales voit le jour ; il permet non seulement d’utiliser les toits mais aussi le sol comme surfaces récupératrices. Les eaux pluviales sont décantées dans trois bassins pour une contenance totale de 4000 m3 puis recyclées en eaux industrielles où elles servent à la production d’eau déminéralisée.
Bien que la France utilise l’eau de pluie pour des usages quotidiens de lavage de voirie et de lutte contre les incendies, elle n’en reste pas moins en retard pour bien des applications. Il est à regretter que les initiatives allant dans le sens de l’économie d’eau ne soient pas encouragées et même qu’elles soient parfois gênées.