Conseils d’un expert en eau de pluie
Hydrogéologue, Bertrand GONTHIEZ est spécialiste sur les questions environnementales liées à l’eau et notamment sur la récupération des eaux de pluie.
Quels sont les avantages de la récupération des eaux de pluie pour alimenter un jardin ou un espace vert ?
Cela permet d’économiser l’eau du réseau qui est potable, d’avoir une réserve d’eau « gratuite » en cas de restriction estivale. Par ailleurs, l’eau de pluie n’est pas une eau chlorée. Elle est très faiblement minéralisée. Idéale pour les plantes, ce qui semble logique puisqu’elle est naturelle et qu’elle vient du ciel !
Enfin, on peut aller jusqu’à l’autonomie complète en eau grâce à des systèmes innovants qui récupèrent et filtrent intégralement les eaux pluviales pour tous les usages dans la maison. A l’image de ce qui se fait dans d’autres pays comme en Allemagne, en Belgique ou aux Pays-Bas.
Réservoir extérieur ou cuve enterrée, que préconisez-vous ?
Cela dépend des usages souhaités. Pour de l’arrosage de plantes en terrasses, on préférera un récupérateur d’eau de pluie aérien : une capacité de 500 à 800 litres suffira. La surface de toiture permet de remplir ce réservoir en une seule journée de précipitations, dans certaines régions.
Si on souhaite arroser des massifs de fleurs, son potager, et laver son véhicule ou nettoyer sa terrasse, on préconise un volume de stockage d’eau plus important. La cuve sera enterrée pour que l’eau puisse être stockée dans de bonnes conditions à l’abri de la chaleur et de la lumière. C’est cependant une solution plus onéreuse qui nécessite l’intervention d’un terrassier et peut-être même d’un plombier si nécessaire.
On équipera cette cuve d’un filtre d’eau de pluie qui évitera aux mousses, feuilles, insectes, lichens de souiller l’eau. Il faudra notamment l’équiper d’une pompe, généralement immergée. On peut adapter à ce système un arrosage intégré (pelouse, massifs, parterres, potager) ou du goutte-à-goutte, avec une pompe et une pression adaptées.Tout cela se choisit en fonction de la configuration du terrain et de la surface à arroser.
Existe-t-il des dispositifs plus esthétiques qui s’intègrent aussi dans le décor du jardin ?
Il existe une multitude de récupérateurs d’eau de pluie pour le jardin. Certains revendeurs commercialisent par exemple des réservoirs imitant la pierre, couleur sable ou granit, d’autres qui imitent un mur de pierres, d’autres encore en forme de jarre. Et bien sûr, il y a les réservoirs plus basiques et peu couteux. A éviter cependant : les récupérateurs d’eau de pluie en PVC qui ont tendance à mal vieillir au soleil. Le polyéthylène est plus robuste. Il tiendra dans le temps et ne craindra pas non plus le gel.
Pompes, robinets, filtres, que peut-on adapter sur un récupérateur d’eau de pluie pour faciliter un bon arrosage ?
Le plus simple est d’utiliser un bon arrosoir. Mais pour des usages fréquents, on choisit d’installer une pompe de surface. Pour optimiser la qualité de l’eau récupérée, il est conseillé de poser des collecteurs filtrant directement sur la descente de gouttière. Certains collecteurs d’eau de pluie filtrent l’eau avec une maille de 0,3 mm, d’autres 0,9 mm. Il est en effet indispensable de filtrer l’eau qui arrive dans le récupérateur d’eau de pluie mural. En effet les matières organiques présentes sur le toit favoriser la prolifération des bactéries et des algues, notamment en cas de forte chaleur.
Quel est, à votre avis, le meilleur rapport qualité-prix ?
Les jardiniers se tournent facilement vers le récupérateur d’eau de pluie qui ne nécessite pas de technicité particulière pour le poser. Les prix varient entre 150 € et 250 € pour un volume de 300 Litres, jusqu’à 500 € pour un modèle plus élaboré et plus esthétique de 700 ou 800 Litres. C’est avec ce genre de produit que l’on peut commencer à récupérer les eaux pluviales pour son jardin. Mieux vaut le fixer au mur pour éviter, s’il est vide, qu’un grand coup de vent ne le fasse basculer.
Ensuite, si le jardinier a de gros besoins en eau, avec un grand jardin potager, par exemple, il faudra peut-être opter pour une cuve enterrée, soit en béton, soit en polyéthylène. Comptez environ 2 000 €, sans les accessoires ni la pose. Il existe aussi des citernes souples peu onéreuses qui sont une sorte de grande bâche en forme de bouillotte et qui se posent directement sur le sol, reliée à une descente de gouttière.